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LE BESTIAIRE DE CHARLES FOURIER

Animaux, anti-animaux et contre-animaux.

Les ANIMAUX, ANTI-ANIMAUX et CONTRE-ANIMAUX décrits par Fourier, seront sollicités dans le projet comme véhicules, menant les visiteurs d'un point à l'autre du site, selon leurs talents spécifiques. Relevant la manière dont Fourier, en fin de compte, asservit les animaux pour en faire des êtres utiles à l'homme, leur libération sera inéluctable.

Dessins de Natalya Buryka
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L’ANTI-PHOQUE ou CHEVAL MARIN pour conduire nos pêcheurs et promeneurs avec la rapidité de l’hirondelle.

L’ANTI-REQUIN pour aider au placement des filets et aller traquer, amener le poisson.

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L’ANTI-BALEINE pour s’attacher au vaisseau dans les temps calmes qu’on choisira en été pour les parties de plaisir et de pêche maritime. Elles seront fréquentes lorsque la mer sera purgée de sa saveur infecte et de ses immondes créatures telles que le requin et autres ennemis de l’homme" (VIII, 163). 

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Sur terre et au nom du même principe, Dieu ne manquera pas de créer L’ANTI-LION, serviteur incomparable, dix-huit pieds de long (5,5m) du museau au coccis, capable de porter sept hommes à la file à dix lieues à l’heure, d’un galop très doux, élastique et rasant terre. Il fait le service de la poste aux lettres (...)

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Superbe et docile quadrupède, un porteur élastique (...), avec des relais duquel un cavalier, partant le matin de Calais ou Bruxelles, ira déjeuner à Paris, dîner à Lyon et souper à Marseille, moins fatigué par cette journée qu'un de nos courriers à franc étrier (...car) un anti-lion franchira aisément à chaque pas quatre toises par bon rasant, et le cavalier, sur le dos de ce coureur, sera aussi mollement que dans une berline suspendue.

Pour Fourier, on peut déceler, dans ce que laisse la nature et que la civilisation n’a pas encore perverti, les signes du projet divin. Ceux-ci sont à notre disposition chez les animaux : « créatures simples, bornées à l’impulsion divine ou jeu de l’attraction et de l’instinct, sans concours de la raison ou du raffinement passionnel ».

Les animaux, uniquement guidés par le projet divin, sont stationnaires :

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Aussi l’animal est-il stationnaire et n’avance-t-il pas au-delà des limites de son instinct primitif. Les abeilles dans dix mille ans ne sauront pas mieux faire la ruche qu’elles ne la firent aux premiers âges du monde.

 

L'homme, au contraire, est pourvu d’une raison progressive et alliable avec le levier divin ou Attraction. Il est premier anneau d’échelle composée, d’où il suit qu’il y a dans le mouvement des sociétés humaines deux leviers de Mouvement à tenir en balance, et qu’en opprimant l’un des deux, soit le levier divin ou Attraction, soit le levier humain ou Raison, l’on aboutit qu’à les paralyser tous les deux ; effet ridicule de nos sciences qui, voulant donner l’une tout à Dieu, et l’autre tout à l’homme, n’arrivent qu’à fausser l’un et l’autre .

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Si l'animal, dépourvu de raison, est une forme pure de l'Attraction (le levier divin), l'homme est pris entre les logiques antagonistes de l'Attraction et de la Raison.

L’animal n’ambitionne pas de s’élever à un autre bonheur que le sien : il ne désire que dans l'ordre de son désir, tandis que l'homme désire ce qu'il n'a pas.

Outre la raison et le désir, l'animal se distingue de l'homme en ce qu'il ne peut connaître Dieu, et qu'il ne prévoit pas sa mort, sinon il serait inquiet toute sa vie.

Fourier insiste sur la liberté dont l'animal peut jouir ; l’animal est heureux, son insouciance échappe à l’homme civilisé, ce qui lui fait dire que « les animaux libres sont plus heureux que l’homme civilisé, qui est ravalé au-dessous de la condition des bêtes ».

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Fourier envisage une harmonie analogique, à la fois synchronique (état d'une chose à un moment du temps) et diachronique (évolution de l'état d'une chose dans le temps) des espèces, entre elles et à travers les âges : « si les bêtes, les plantes et les choses sont les moules ou les emblèmes de nos passions, que leur arrive-t-il lorsque les passions changent : elles changent aussi ». Ces bêtes, plantes et choses, dans ce contexte, sont munies de deux préfixes, « contre » et « anti », qui indiquent deux temporalités : « contre » désigne un être ou une chose contraire à un ou une autre en synchronie, et « anti » en diachronie

 

A la question de savoir pourquoi Dieu a créé des animaux laids et méchants (la vipère, le crocodile) Fourier pose, en vertu de la loi des analogies, qu'il a dû « installer » ces êtres dans le « mobilier zoologique » car elles sont le reflet des mauvaises pensées des hommes. La disparition, en Harmonie réalisée, des mauvaises pensées humaines entrainera donc la disparition des animaux laids et méchants. Les 130 espèces existantes de serpents correspondent par exemple à 130 effets de la calomnie et de la perfide dans la société mensongère.

 

Les bêtes ne représentent pas nos états d'âmes, ou nos conflits intérieurs, elles les matérialisent.

 

L’accouplement futur de la Terre avec ses cinq satellites (Mercure, Junon, Cérès, Pallas, Lune) permettra, selon Fourier, le remplacement des êtres nuisibles à l’homme, comme le crocodile, le requin ou le lion, par des êtres utiles comme l’anti-crocodile, l’anti-requin ou l’anti-lion.

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