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L'ARCHIBRAS DE CHARLES FOURIER

Archi-bras - Animaux, anti-animaux et contre-animaux.

MÉTAMORPHOSES FOURIÉRISTES

​La pratique de l'Harmonie par les phalanstériens permettra, au cours du temps, d'engendrer des métamorphoses corporelles.​

Les nouvelles créations surgiront 5 ans après les premiers Phalanstères.

 Fourier (IV, 255)​

Ainsi du Bras d'Harmonie, aussi appelé Archibras, dont Victor Considérant, le principal disciple de Fourier, du équipé par de nombreux carticaturistes.​

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Victor Considérant, principal disciple de Fourier, dans la pose de l'anti-lion, avec l'attribut de l'archi-bras.

L'extrait suivant fut supprimé de la publication de certains cahiers de Fourier par ses disciples, soucieux de développer les aspects économiques et politiques de la doctrine, sans exposer l'association fouriériste aux conséquences qu'entrainerait la publication des écrits les plus extravagants, comme « Le nouveau monde amoureux », très licencieux pour l'époque, ou les théories liée à la « Régénération du corps humain » (les métamorphoses humaines ou animales).

Quoique les hommes soient une race identique dans tous les globes, ils ont dans les soleils un avantage bien éminent sur ceux des autres globes : c’est le BRAS D'HARMONIE ou ARCHIBRAS réunissant diverses facultés réparties entre nos animaux, celles de la trompe de l’éléphant, celles de la queue prenante du singe. Ce bras d’harmonie est une véritable queue d’une immense longueur à 144 vertèbres partant du coccyx. Elle se relève et s’appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds de longueur dont 3 de perdus pour l’appui sur l’épaule et au moins 12 de développement. Ce membre est aussi redoutable qu’industrieux, il est arme naturelle. Un habitant du soleil attendrait un lion et un taureau de pied ferme, et à 6 pas il casserait au lion l’échine d’un coup d’archibras et renverserait le taureau par les cornes ou les jambes sans l’approcher, et il couperait d’un [blanc] la tête du serpent. Enfin il est armé de résistance contre tous les animaux et met l’homme sans arme à niveau avec eux. On conçoit quelle est sa supériorité quand il est armé d’une épée. L’archibras est terminé par une main très petite, allongée, aussi forte que les serres de l’aigle ou du cancre. Les doigts sont de dimension inverse : les 1 et 4 plus grands que les 2 et 3, le pouce très allongé. Cette main a comme la patte du lion des griffes mobiles et rentrantes. L’archibras à la nage fait avancer un homme aussi vite qu’un poisson. Il fouille au fond des eaux, y porte et assure les filets. Avec son appui un homme atteint une branche de 12 pieds de hauteur, saute sur l’arbre et descend de même, va pincer des fruits à l’extrémité de l’arbre et les rassemble dans le panier noué à l’archimain. Il sert de fouet et de guide à celui qui tient la charrue ou qui, placé dans une voiture, peut de l’intérieur ramasser un fétu et enrayer sans descendre. Il sert à dompter un cheval mutin : le cavalier avec son archibras lui noue les deux jambes. Il sert de même à diriger par la corne tous les bestiaux et l’éléphant par les défenses. Il dirige les ballons et les ailes. Il est infiniment utile, et dans le jeu des instruments il double les facultés manuelles, ses doigts, quoique très petits, étant très extensibles. Enfin ses emplois sont si brillants et si nombreux qu’il est plus aisé de les concevoir que de les décrire. Ce membre, en accélérant prodigieusement les travaux donne d’immenses richesses aux habitants solaires.

Si nous pouvions voir les habitants du globe solaire, chacun d’eux, homme et femme, nous paraîtrait entortillé d’un grand serpent blanc dont la tête et le col se développerait à partir de l’épaule qui en serait le point d’appui. Car on développe toujours de l’archibras une longueur égale au double du bras. On ne le déroule en plein que pour les grands emplois.

S’agit-il d’un saut : dès que l’élan est pris l’archibras s’appuie en spirale. Il doit tripler au moins l’élan naturel. Il affaiblit la chute des deux tiers. On le fait tournoyer en cône pour ralentir le corps et former parachute inférieur au moyen duquel on peut tomber d’un lieu fort élevé sans autre danger qu’une contusion, vu que le premier choc est supporté par l’archibras arrivant à terre et s’y roulant en spirale pour former appui. L’homme pourvu d’archibras ne se baisse jamais ou presque jamais dans le travail. S’il faut agir de la bêche ou de la pioche, on les emploie d’une grande longueur parce l’archibras les dirige du fer, tandis qu’ils sont du bout du manche soutenus par les deux mains. Le levier ainsi renforcé par sa longueur et son double appui peut faire un ouvrage au moins triple du nôtre à force égale. Si le maçon monte au sommet d’une flèche, l’archibras lui sert à se nouer et garantir de chute en lui laissant l’usage des deux mains et de l’archimain. Les emplois sont bien plus étendus dans les travaux du matelot qui au moyen de ce membre grimpera aux mâts avec la vélocité d’un singe et y travaillerait bien noué et muni de trois mains dont l’une atteindra à 12 pieds du matelot. On remplirait cent pages s’il fallait décrire en plein les précieux usages de ce membre sans lequel le corps humain est vraiment un avorton.

 

On pourrait s’étonner que Dieu n’ait pas favorisé d’un membre si utile la race qui habite notre globe. Elle se détruirait elle-même si elle était pourvue de cette arme naturelle qui ne convient qu’aux hommes exempts de passer par les périodes de lymbe sujettes à la discorde. Il y a bien quelques discordes individuelles entre les Solariens, mais dans leurs luttes il est défendu par point d’honneur de faire usage de l’archibras au moyen duquel deux hommes pourraient par coups simultanés s’entrouvrir le ventre à tous deux.

 

On objectera que nous serons exempts de pareil danger dans l’harmonie où par l’effet de la politesse générale les disputes seront traitées avec civilité comme aujourd’hui celle des gens de cour. L’observation est juste mais il n’est pas moins vrai que nous avions plusieurs mille ans à passer dans un état de discorde pendant lequel Dieu a dû nous refuser l’archibras. Il ne nous sera donné que lorsque nous aurons passé à l’Harmonie Composée qui commencera après 16 générations d’Harmonie Simple — environ 400 ans. La race humaine à cette époque sera enfin pourvue de l’archibras comme les habitants du soleil. Elle le perdra à la fin du monde lorsqu’elle sera retombée en Harmonie Simple ou 25e période sociale.

De nombreux communards étaient fouriéristes : Eugène Varlin, ouvrier relieur, financier et intendant de la Commune, l'artiste Auguste Ottin, l'architecte Joseph Delbrouck, le poète-maroquinier Fortuné Henry.  Eugène Pottier, dessinateur sur étoffes et chansonnier (L'internationale), qui intégra la notion de Luxe Communal dans le manifeste de la Fédération des artistes, parlait de la « cosmogonie à la fois mystique et matérialiste" de Fourier.


Charles Fourier, considéré par Marx et Engels comme figure du « socialisme critico-utopique », était à la recherche de l'Harmonie universelle. "L'oeuvre de Fourier, écrit Engels, est un poème mathématique et l'on ne peut mieux définir les superbes concerts de passions inventées, puissances d'harmonie qui passent la raison, mais que l'étrange rêveur maîtrise et mesure selon la science la plus juste : les mathématiques."

                                                                                                                                                  Engels, Dialectique de la nature, Paris 1950

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