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JOURNAL OFFICIEL - PARTIE NON OFFICIELLE 6

Mercredi 5 avril 1871

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PROCLAMATION AU PEUPLE DE PARIS (extrait, voir JO p416)

Commune de Paris

Les monarchistes qui siègent à Versailles, ne vous font pas une guerre d’hommes civilisés ; ils vous font une guerre sauvage.

Les Vendéens de Charette, les agents de Piétri fusillent les prisonniers, égorgent les blessés, tirent sur les ambulances.

Vingt fois les misérables qui déshonorent l’uniforme de la ligne ont levé la crosse en l’air, puis, traîtreusement, ont fait feu sur nos braves et confiants concitoyens.

Ces trahisons et ces atrocités ne donneront pas la victoire aux éternels ennemis de nos droits.

Nous en avons pour garants l’énergie, le courage et le dévouement à la République de la garde nationale.

Son héroïsme et sa constance sont admirables.

Ses artilleurs ont pointé leurs pièces avec une justesse et une précision merveilleuses. Leur tir a plusieurs fois éteint le feu de l’ennemi, qui a dû laisser une mitrailleuse entre nos mains.

Citoyens, La Commune de Paris ne doute pas de la victoire. […]

La Commission Exécutive :
Bergeret, Delescluze, Duval, Eudes, Félix Pyat, G. Tridon, E. Vaillant.




RÉORGANISATION DES COMPAGNIES DE MARCHE (p418)

Les compagnies de marche seront immédiatement réorganisées.

Les officiers, sous-officiers et gardent entreront en solde à partir du 7 avril.

Les gardes toucheront 1 fr. 50 et les vivres.

Les sous-officiers, 2 fr.

Les officiers, 2 fr. 50.

Quand les compagnies agiront en dehors du service, les officiers toucheront la solde de leur grade dans l’armée.

Les quatre compagnies de chaque bataillon éliront un chef de bataillon spécial.

Les élections auront lieu le 6 avril.

La revue sera passée au Champ-de-Mars par les membres de la commune, le 7 avril, à deux heures de l’après-midi.

Bureau d’organisation et de renseignements au ministère de la guerre et à la place.

Font partie des bataillons de guerre tous les citoyens de 17 à 35 ans non mariés, les gardes mobiles licenciés, les volontaires de l’armée ou civils. Les effets de campement seront complétés dans le plus bref délai.



Paris, le 4 avril 1871.

Par ordre de la Commune, le délégué au ministère de la guerre, Cluseret.




GESTION DES BAUX (P 421)

Avis très important

Les locataires qui ont retenu un nouveau logement pour le terme d’avril sont instamment priés de s’informer à l’avance su ce logement sera libre pour le terme, ou si le locataire qui l’occupe actuellement n’entend pas profiter du décret de la Commune, qui l’autorise à prolonger sa location de trois mois.

La municipalité ne saurait parer aux inconvénients résultant de cette situation, si les locataires ne se préoccupent pas de se mettre immédiatement en quête d’un autre logement.

A dater du 5 avril, une commission municipale siégera tous les jours de deux à cinq heures à la mairie. Elle sera chargée de concilier tous les différends qui pourraient surgir entre les propriétaires et les locataires.

L’administrateur délégué fait appel à la bonne foi et au patriotisme de tous, pour que le décret de la commune rencontre dans son application le moins de difficultés possible.

L’administrateur délégué à la mairie du IXe, Bayeux-Dumesnil




JULES ALLIX ET LE GYMNASIARQUE (p 421)

Mairie du VIIIe Arrondissement

Corps des gymnastes

Il est établi, sous la direction et le commandement du citoyen Hippolyte Triat, gymnasiarque, un corps spécial de gymnastes, destiné à former des professeurs de gymnastique civile et militaire pour les écoles et pour les armées citoyennes.

Les élèves devront être âgés de seize à vingt ans.

Ils sont admis et inscrits dès à présent au gymnase Triat, avenue Montaigne, 55, et seront immédiatement exercés à différents cours de gymnastique proportionnels à leur âge. Aux effets de l’organisation régulière et de l’administration du corps des gymnastes dont s’agit, il sera fondé un gymnase-école, pour lequel la caserne de la Pépinière est dès à présent et provisoirement attribuée.

Les élèves du gymnase-école choisis parmi tous les élèves de 16 à 20 ans, dont les dispositions et les aptitudes au professorat auront été reconnues.

Se faire inscrire dès à présent au gymnase Triat, avenue Montaigne, 55 Champs-Elysées, où les élèves trouveront l’indication des cours, qui vont être immédiatement commencés.

Ces cours étant faits sous le patronage de la municipalité du 8e arrondissement, seront entièrement gratuits.

Le maire du 8e arrondissement, Jules Allix






RAPPORT DU CITOYEN X..., ENVOYÉ EN MISSION PAR LE DIRECTEUR DES LIGNES TÉLÉPHONIQUES (extrait voir JO p423)

M. le comte de Choiseul a été nommé par M. Thiers ambassadeur pour l’Italie.

Les plus grandes calomnies sont répandues sur la Commune de Paris : pillage des caisses publiques, des assurances et des chemins de fer, etc.

On a affiché une dépêche de Thiers annonçant que toutes les grandes villes étaient tranquilles, engageant tous les amis de l’ordre à se rallier autour du gouvernement de Versailles, et, finalement, faisant un appel aux armes.

Grand mouvement militaire d’Allemands dans Melun. Des officiers supérieurs expriment hautement leur rage de ce que, sur l’invitation et le désir de Versailles, on les faisait revenir sur Paris. Les soldats sont très fatigués.

Les soldats qui rentrent dans leurs foyers sont arrêtés, casernés et forcés de servir Versailles (par tous les moyens).




ON ÉCRIT DE KIEW (p425)

« Il a été défendu à tous les journaux russes, sous des peines sévères, de parler des faits et manifestations qui ont eu lieu dernièrement à Pétersbourg. Il ne sera donc pas sans intérêt pour tous d’apprendre qu’à l’occasion d’un banquet offert par les étudiants de Pétersbourg à ceux de Moscou, des toasts chaleureux furent portés avec enthousiasme à la République française et aux principes démocratiques. On termina par un toast à Gambetta, et on décida qu’on lui adresserait des vœux sympathiques à Bordeaux. Seulement, on eut la légèreté juvénile d’expédier tout simplement la dépêche par le bureau du télégraphe, lequel au lieu de l’envoyer à Bordeaux, la remit au ministre de la police.

« Le czar, qui a eu de violentes et fréquentes attaques de nerfs récemment, de- vint furieux en apprenant la nouvelle, et depuis on fait des arrestations nombreuses à Pétersbourg et dans les autres grandes villes de Russie. A Kiew également, on a arrêté une vingtaine de jeunes gans. La police prétend être sur les traces d’une conspiration démocratique ayant des ramifications dans tout l’empire, et dont le but serait le renversement de l’ordre actuel et l’établissement de la république en Russie. On croit que l’explosion démocratique à Pétersbourg n’a été que l’expression d’idées et d’opinions longuement préparées.

« C’est pour cela qu’on traite avec une cruauté extrême les prisonniers qui n’avouent pas. Ils sont enfermés pendant de longues journées dans des trous sans feu, par une température de 25° de froid, sans nourriture et sans eau. Quelques- uns d’entre eux préfèrent avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis, pour mettre un terme à leurs souffrances.

« Il y a aussi des femmes parmi les personnes arrêtées. La peine du fouet, abolie par un oukase impérial, vient d’être rétablie à leur égard. La police veut à tout prix des aveux pour donner cause à la fureur de czar. »




L'ARMÉE DE M. THIERS (extrait voir JO p429)

Quand se discutait le traité de paix qui devait livrer à l’Allemagne deux provinces et nous coûter cinq milliards ; quand les députés demandaient, non pas qu’on continuât une guerre qui nous avait été si désastreuse, mais qu’on examinât, dans le cas où le traité serait inacceptable, les ressources de la France pour forcer, par son attitude, la Prusse à faire des conditions meilleures, M. Thiers interrompait par ce cri de désespoir incroyable : « Le moyen ? le moyen ? »

M. Thiers ignorait le moyen de créer à la France une puissance militaire et de lui trouver des ressources capables, non pas de la rendre victorienne de l’armée prussienne, mais de contraindre l’Allemagne à nous imposer une charge moins lourde, une humiliation moins grande.

Il prenait des airs dédaigneux à l’égard des hommes dont la foi patriotique inquiétait son scepticisme réactionnaire et sa diplomatie monarchique.

[…]

Mais aujourd’hui, il s’agit de combattre des Français, de réduire Paris, la cité républicaine, objet de la haine aveugle, brutale, féroce, implacable des ruraux.

Le « moyen » que M. Thiers ignorait le 9 mars ; il le connaît le 2 avril. Il a eu dans le mois une révélation. Ce qu’il déclarait être impossible quand il fallait épargner à la France un peu de honte, de douleurs et de dettes, il le déclare possible aujourd’hui qu’il songe à faire couler le sang français, à remplir Paris de ruines et de deuil, à y rentrer comme les Prussiens sont entrés à Francfort, les Turcs à Vienne.

Quand il y avait à défendre l’honneur et le territoire français, M. Thiers ne croyait pas qu’on pût organiser une armée. Mais il y a à souiller notre histoire d’un malheur criminel, il y a à rougir de sang une de ses pages, à provoquer la guerre civile, c’est alors une autre affaire : M. Thiers nous apprend, par une dépêche adressée aux fonctionnaires chargés de gouverner la France en son nom, que, à Versailles « s’achève de s’organiser une des plus belles armées que la France ait possédées. »

Si M. Thiers était capable d’organiser une des plus belles armées que la Fran- ce ait possédées, pourquoi ne l’a-t-il pas organisée quand il y avait à tenir tête à la Prusse ? La France ne posséda-t-elle donc une des plus belles armées qu’elle ait jamais eues que pour payer cinq milliards à l’Allemagne et ruiner Paris ?

L’homme qui ose écrire, en de semblables circonstances, de pareilles choses, sans se souvenir de ce qu’il osait dire à peine un mois avant, rend contre lui-même un verdict de haute trahison et de crime de lèse-nation.

Il n’y a plus qu’à expliquer sa propre sentence.




TIMBRES-POSTE EMPORTÉS À VERSAILLES (p435)

Tous les timbres-poste ont été emportés à Versailles.

Leur valeur se montait à deux millions. Or, les bureaux de Paris n’en possédant pas un, les employés renvoient chez les marchands de tabac qui en tiennent en réserve, ou, comme au vieux temps, affranchissent nos correspondances avec un signe tracé à la plume.




LIGUE DE LA DÉLIVRANCE (extrait, voir JO p435)

Les alsaciens et lorrains présents à Paris se sont réunis il y a quelques jours à l’Alcazar, et ont décidé à l’unanimité de former une association ayant pour but :

1° De perpétuer le souvenir de la France dans les pays qui lui sont arrachés par la force ;

2° d’engager énergiquement leurs compatriotes à ne point quitter leur pays natal et de venir en aide à ceux d’entre eux qui se verraient dans la nécessité d’émigrer ;

3° d’étudier les voies et moyens qui pourraient amener la revendication des deux provinces si françaises de cœur.

Cette association prend le titre de Ligue de la Délivrance. […]

Le Comité central




PESTE BOVINE (p436)

La peste bovine sévit avec une telle vigueur, qu’on a dû suspendre toutes les foires en Normandie, où se font à cette époque de l’année les ventes de bestiaux.

Les bœufs qui alimentent Paris viennent tous maintenant du Portugal.




LE DON DE NOBLES & HOARES (p 437)

M. Lefèvre, rue Saint-Lazare, 126, prévient les peintres en bâtiment qui se sont fait inscrire chez lui peuvent se présenter (munis de leurs numéros d’inscription) du lundi 3 avril au jeudi 6 inclus, de neuf heures du matin à une heure, pour recevoir leur part des 900 kilogrammes de viande conservée, envoyés par la maison Nobles et Hoares, de Londres, toutes les recherches pour retrouver les biscuits qui ne lui sont pas parvenus étant restées infructueuses.

Un envoi à titre de don avait été adressé par MM. Nobles et Hoares, fabricants de vernis à Londres, à M. Pilon, carrossier, avenue des Champs-Elysées, 23, pour être distribué aux familles nécessiteuses des ouvriers peintres en voitures de Paris.

Ce don consistant en 5 tonneaux de viande conservée et 50 barils de biscuits, les 5 tonneaux de viande sont seuls arrivés à destination au commencement de février ; quant aux 50 barils de biscuits, malgré toutes les démarches faites par M. Pilon auprès de l’administration du chemin de fer du Nord, il lui a été impossible de savoir quelle destination ils ont prise, enfin il a été impossible de les retrouver.




M. X, PRÉFET PSEUDONYME (p438)

Le gouvernement du 4 septembre, dans son empressement à distribuer des préfectures et des sous-préfectures à ses amis, a nommé préfet d’un département très important, un « pseudonyme. »

Un journaliste, dont la vie a été ornée d’aventures assez bizarres, écrivait sous un nom de fantaisie dans un journal qui comptait des amis parmi les membres du nouveau pouvoir.

Il fut nommé préfet immédiatement, mais nommé sous son nom supposé. Il est parti pour son département et l’a administré, toujours sous le déguisement de son pseudonyme ; de telle façon que certains de ses administrés, croyant avoir pour préfet M. X..., un inconnu, ne se doutaient guère qu’ils avaient en réalité M. Z..., dont la nomination les aurait passablement étonnés, car ils le connaissaient à merveille.

Cette aventure trop plaisante dure-t-elle encore ? On affirme du moins qu’elle est authentique. (Nouvelliste de Rouen.)




SITUATION DE PARIS, LA FRANCE (p438)

La France, dans son numéro du 3 avril, émet les réflexions suivantes sur la situation de Paris :

Il faut reconnaître, cependant, que les attentats contre les personnes se chiffrent par zéro. On ne cite aucune violence contre les individus. Il y a des arrestations, mais elles ne sont, généralement, que momentanées. Quand aux prétendues condamnations à mort prononcées par le Comité contre des journalistes ou autres, nous ne serions pas étonnés d’apprendre qu’elles n’ont existé, en réalité, que dans l’imagination de ceux qui les ont fuies. La Commune franchira-t-elle quelquefois la ligne modérée qu’elle a observée jusqu’à présent ? Nous l’ignorons ; mais nous croyons fermement encore à l’adoucissement de nos mœurs privées et publiques.

21 mars

22 mars

23 mars

24 mars

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