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LE MUSÉE DES COPIES

En date du 19 février 1873, le journal satyrique lyonnais La Mascarade  >>, en son numéro 207, rapporte l'imminente ouverture du Musée des copies :

Grâce à l'intelligente initiative de Mgr Jules (1), — en politique, ministre de l'Instruction publique, — on sait qu'un musée, dit Musée des copies, doit s'ouvrir au public très prochainement.​

Le but du gouvernement et de Mgr Jules, - en religion, Frère Suisse, - est de

(1) Le nom complet de Jules Simon est Jules-François Simon Suisse.

réunir et de mettre sous les yeux, dans un même local, les copies des tableaux des grands maîtres disséminés, soit dans les départements, soit à l'étranger, soit dans des galeries particulières. Beaucoup de ces toiles sont déjà installées, et prêtes à recevoir la visite des amateurs.

Un de nos correspondants parisiens veut bien nous donner la nomenclature de quelques unes de ces copies, dont les originaux sont pour la plupart à Versailles.​

Voir Elisa Rodriguez Castresana >>

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Adolphe Thiers, alors ministre de l’intérieur de Louis Philippe, et dont la collection d’oeuvres est constituée de nombreuses copies, évoque en 1832 (ou 1834) son intérêt pour la création d’un musée des copies. Charles Blanc, directeur des Beaux Arts de 1848 à 1852, puis de 1870 à 1873, partage avec lui cette idée. En avril 1873 a lieu l’inauguration du Musée au Palais de l'Industrie et des Beaux-arts2 sur les Champs-Elysées, dont les neuf salles abritèrent 157 peintures à l’huile, copies grandeur nature des chefs-d’oeuvres des plus grands musée étrangers, ainsi que certaines fresques de Raphaël au Vatican.

2 Détruit en 1896 en prévision de l’exposition universelle de 1900, où il laissera place au Petit et au Grand Palais.

Le Musée des copies de Charles Blanc a 4 objectifs principaux :

> rationaliser le système d’envois des œuvres des prix de Rome (les artistes doivent, sur une idée de Colbert, réaliser une copie d’après une grande œuvre du passé) et venir en aide aux artistes qui pâtissent de la situation économique de la France après la guerre contre la Prusse ;

> promouvoir la formation artistique des artistes eux-mêmes et du grand public ;

> conserver l’image des grands chefs-d’œuvre de l’histoire de la peinture et assurer leur perennité;

> promouvoir la peinture d’histoire.

Mais le Musée des copies est un échec retentissant : Charles Blanc, conscient de la fragilité de sa position politique dépendant d’Adolphe Thiers à la présidence de la République, mène le projet avec une précipitation qui nuit à la qualité de son exécution. Le critique Delaborde évoque l’inégalité de la qualité des copies, les critiques de « médiocrité ou la pauvreté des résultats obtenus », et l’incomplétude du musée à son ouverture, à l’état de « commencement » : les envois des Prix de Rome ne suffisent pas à occuper toutes les salles du Musée, et il faut recruter des artistes moins renommés que ceux qui devaient légitimer le musée.

Les monarchistes, inquiets des orientations républicaines de Thiers, le mettent en minorité à l’Assemblée nationale, et celui-ci donne sa démission le 24 mai 1873. Le musée ferme ses portes à peine 9 mois après son ouverture, fin 1873. Le nouveau directeur des Beaux Arts, Charles-Philippe, marquis de Chennevières-Pointel, propose dès le 31 décembre 1873 au nouveau ministre de l’Instruction publique, des cultes et des Beaux-Arts, Marie De Fourtou, la dispersion des œuvres entre l’école des Beaux Arts, des musées d’État et de province.

Le "correspondant parisien" de La Mascarade ne fait nullement mention des artistes du musée des copies - Titien, de Vinci, Raphaël, Tintoret ou Rembrandt - dans sa "nomenclature", mais plutôt de sujets satiriques, de personnages issus du gouvernement qu'on retrouvera effectivement à Versailles...

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Le "correspondant parisien" de La Mascarade conclut son article :

"Les autres tableaux actuellement installés au Musée des copies offrent un intérêt moindre au visiteur et nous attendrons l'ouverture officielle pour en rendre compte à nos lecteurs."

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